Interdiction des pigments de tattoo : les leçons à tirer pour 2022

  
 

 

Tandis qu’un nouveau règlement européen s’apprête à bannir 27 pigments utilisés dans les encres de tattoo, le bureau de Tatouage & Partage signe une tribune collective pour dresser un constat amer : depuis 2013, rien n’a vraiment changé pour les acteurs de notre profession.

 

La tribune de Tatouage & Partage

En cette fin d’année 2021, il y a comme une impression de déjà-vu…

 

2013 est déjà loin et, pourtant, les choses n’ont pas beaucoup avancé sur la reconnaissance du métier de tatoueur, de nos droits, sur la défense de nos intérêts, sur la mise en place d’une assurance professionnelle, sur la reconnaissance des maladies liées à notre profession, ou encore sur un statut pour nos apprentis.

 

L’Europe, comme nous le prédisions il y a 8 ans, fait ce qu’elle a à faire en avançant avec des syndicats tels que le DOT (syndicat allemand) sur les législations qui vont nous tomber dessus dans les prochaines années.

 

Celle concernant la couleur, qui nous occupe en 2021, n’est que la seconde d’une longue liste de restrictions ou mesures qui vont être mises en place par la France pour les professionnels du tatouage qui, rappelons-le, n’ont toujours pas d’existence en termes de statut.

 

Mais ce n’est pas grave, puisque les législations s’appliqueront quand même, qu’on le veuille ou non, qu’on soit reconnus ou non par les autorités françaises ! On n’est plus à un paradoxe près.

 

Un manque d’union qui empoisonne le tatouage professionnel français

Le problème de la France, et duquel découle directement l’absence d’existence « légale » de notre métier, est le fait que nous ne sommes pas unis. Nous n’avançons pas tous dans le même sens pour faire bouger les lignes. Certains, pour des problèmes d’égo, se trompent d’adversaire et font perdre du temps et de la crédibilité à notre profession face aux administrations, ministres et hauts fonctionnaires.

 

Une illustration ? Nous sommes cent fois plus nombreux que les patrons de boites de nuit. Mais eux arrivent à se faire recevoir par les différents ministères. Eux parviennent à se faire entendre. La différence avec nous ? Ils sont fédérés et exercent donc un poids face aux autorités.

 

En 2013, nous avions, avec nos membres et notre bureau, engagé à notre charge un juriste spécialiste des dossiers européens. Ce dernier avait trouvé la faille et avait permis que M. Jérôme Salomon, directeur général de la santé, et M. Gabriel Attal, chef de cabinet de la ministre de la Santé, prennent conscience de l’erreur de leurs services et fassent passer le message que les couleurs n’étaient pas toutes interdites, comme certains le pensaient.

 

 

Des tatoueurs qui s’activent dans l’ombre

Face à la déferlante de diarrhée verbale à laquelle nous avions eu à faire face en 2013, suite à notre action au ministère de la Santé, cette fois, nous avons choisi d’agir dans l’ombre. Nous avons pris contact avec les fabricants d’encre pour savoir ce qu’il en était de leur côté. Ils travaillaient déjà tous à mettre leurs compositions dans les clous, afin de ne pas perdre le marché européen.

 

Nous avons écrit aux différents ministères avec, à chaque fois, des réponses policées et inutiles comme savent si bien le faire les politiciens. A priori, cette fois, personne n’a réussi à faire bouger les choses. Si nous étions unis, cela serait sûrement différent.

 

Cette année comme en 2013, il n’est pas question d’interdire les encres, mais certains ingrédients entrant dans leur composition. Alors même qu’il n’y a toujours aucune corrélation entre cancer ou autres maladies et tatouage, notre manque de cohésion fait que l’Europe a carte blanche pour faire ce qu’elle veut de nous.

 

Par conséquent, les fabricants d’encre, tout comme en 2013, sont en train de faire en sorte que leurs gammes évoluent et répondent aux nouvelles normes, afin d’obtenir la certification européenne et donc continuer à pouvoir vendre leurs couleurs partout sur le continent.

 

Mais nous devrions nous unir afin de faire face aux prochaines vagues de législations ou restrictions qui ne tarderont pas à arriver, et contre lesquelles nous ne sommes pas du tout prêts à nous battre.

 

L’amer constat est de savoir : qui nous représente vraiment ? Qui parle pour nous toutes et tous ? Pour le moment, personne. Et nous perdons à la fois du temps et du terrain.

 

 

Une passion et un métier à défendre

Pour conclure, nous ne serons pas obligés de travailler en noir et blanc cette année encore. Mais nous devrions pouvoir trouver un moyen, loin des guerres d’égo et de pouvoir à deux balles, de hisser les nôtres, de couleurs, pour faire parler de nous et sauver ce métier qui est bien plus qu’une profession pour beaucoup d’entre nous.

 

Merci à nos membres, nos alliés, de leur soutien indéfectible. Le bureau de Tatouage & Partage vous souhaite à toutes et tous une année 2022 en couleurs et, nous l’espérons, enfin unis. Pour qu’on nous entende, mais surtout qu’on nous écoute.