Le tattoo chez la génération Y

  
 

Il y a quelques jours de cela, le célèbre magazine culturel américain The Atlantic consacrait un article au tattoo, baptisé The Identity Crisis Under the Ink. L’objet de ce long papier signé Chris Weller ? Évoquer le rôle du tatouage dans la crise identitaire traversée par la génération Y, autrement dit les femmes et hommes né(e)s approximativement entre le début des années 1980 et le début des années 2000. Votre association Tatouage & Partage a lu l’article et vous propose d’en découvrir la substance.

S’ancrer dans quelque chose de constant

L’idée-clé soulignée par l’auteur de l’article ? Le tatouage offre à cette génération Y, en mal de repères dans un univers en crise et en perpétuelle mutation, la possibilité de s’ancrer (Tatouage & Partage vous laisse apprécier la paronymie) dans quelque chose de constant.

Les chiffres du tatouage chez les membres de la génération Y

Pour appuyer ses dires, l’auteur ne manque pas de chiffres. Les estimations récentes font état d’un Américain sur 5 arborant un tatouage. Parmi ces 20 % de Yankees déjà passés sous un dermographe, 40 % d’entre eux sont issues de la génération Y, soit âgés entre 18 et 33 ans selon The Atlantic.

Coïncidence ? Non, s’écrie l’auteur. Pour lui, le tatouage et sa démocratisation s’inscrivent dans une continuité impulsée par les réseaux sociaux, où tout se partage, tout s’exhibe, tout est mis en scène.

Mais dans un monde dont l’évolution se fait constante – bénéfique pour certains, terrorisante pour d’autres –, le tattoo ne sert plus à montrer son identité, selon Chris Weller, mais bien à la définir. Exit le simple outil d’ornement, place à un marqueur permanent, doublé d’un élément de stabilité. L’auteur mentionne ici le travail de deux chercheurs issus de l’université de l’Arkansas, pour qui la notion de permanence est intimement liée, pour ne pas dire quintessentielle, à celle de l’identité.

Le rôle de ces marqueurs immobiles comme le tatouage ? Offrir un sens tangible et indélébile à « notre souvenir du passé, notre perception du présent et notre projection du futur ».

Quand les générations au-dessus de la génération Y se focalisaient sur des institutions telles que le mariage, le travail, la famille, l’achat d’une voiture ou encore d’une maison, la génération Y tranche avec un indéniable radicalisme. « Privés de la plupart des points d'ancrage dont leurs parents se sont servis pour créer leurs mythes personnels », nous dit The Atlantic, « ils ont parfois bien du mal à trouver stabilité et permanence ». Le rôle du tattoo ? Prouver alors, aux autres mais aussi à soi-même, « que ce monde changeant ne nous déroute pas », en en exhibant « la preuve […] aux yeux de tous ».

Un tatouage… et puis un autre… et puis un autre…

La conclusion de l’article ? Nombre de nos lecteurs s’y retrouveront : souvent, une fois un premier tatouage encré, l’envie, le besoin d’un second se fait pressant. La moitié des tatoués évoqués par les chiffres arborent entre deux et cinq tattoos. Pour 18 % d’entre eux, le nombre s’élève à au moins six. L’instantanéité prônée par certains réseaux sociaux est détrônée par une narration pérenne : les tatouages racontent l’histoire de la vie de ces tatoués et de leur identité grâce au corps. Comme l’écrit l’auteur, « les gens vieillissent avec leur tatouage et peuvent parcourir le fil de leur ligne du temps personnelle de bout en bout, rien qu'en parcourant leur peau du bout du doigt ».