Tatouage : des principes de déontologie décriés par un porte-parole du SNAT

  
 

 

Tatoueur dans le Berry et membre de Tatouage & Partage, François Branco-Gomes s’est exprimé dans la presse sur le code de déontologie du tatouage souhaité par lui et notre association. Une initiative aussitôt décriée par un porte-parole du SNAT. Droit de réponse.

 

François Branco-Gomes, l’un des tatoueurs à l’origine du projet

 

Le 20 septembre 2018, Le Berry républicain publiait un article titré Un tatoueur du Cher nord veut mettre en place un code de déontologie et accessible en ligne. "C’est un truc qui me travaillait depuis un moment car c’est un monde extrêmement compliqué, avec de la concurrence déloyale", y témoigne François Branco-Gomes, tatoueur à Aubigny-sur-Nère sous le pseudonyme de Gomette. Aux côtés de Bop John, tatoueur à Bourges, l’homme est à l’origine de l’appel à des principes déontologiques repris par notre association. Un texte visant à ce que tous les tatoueurs signant cet accord œuvrent sur un pied d’égalité pour travailler dans la légalité.

 

Urgence : la reconnaissance d’un statut pour tous les tatoueurs

 

"Il est temps d’avoir une reconnaissance de notre statut", revendique Stéphane Chaudesaigues dans le même article. "Car sans cette reconnaissance, les professionnels du tatouage ne peuvent pas transmettre leur savoir à des apprentis", complète la journaliste Pauline Mareix.

 

Une "discussion de tablée" pour un porte-parole du SNAT

 

Mais Olivier Laizé, lui, "ne voit pas vraiment l’intérêt d’un tel texte". Interrogé par le quotidien régional, le porte-parole du Syndicat national des artistes tatoueurs (SNAT) s’explique : "On ne comprend pas pourquoi ils placent des enjeux commerciaux au milieu d’un code comportemental [une référence à l’une des propositions du code visant à définir un prix minimal de sortie à l’aiguille pour tous les tatoueurs pour éviter la concurrence déloyale]. On n’est ni pour ni contre ce texte, on pense juste que c’est de la discussion de tablée". Sondé sur les scratcheurs, Olivier Laizé confesse qu’il s’agit "d’un problème sur lequel tout le monde s’entend. Mais il est difficile de mettre des barrières à la pratique de tatouage", tranche le porte-parole.

 

L’ambiguïté d’Oliver Laizé sur la formation des tatoueurs

 

Chez Tatouage & Partage, on s’interroge à la lecture de cette critique – à commencer par la légitimité-même de leur auteur. Oliver Laizé est présenté comme un porte-parole ; oui, mais de quoi, ou plutôt de qui ? Juge et partie, Oliver Laizé s’exprime également en sa qualité de gérant de CorpsTech, société spécialisée dans la formation à l’hygiène des métiers du tatouage. Lui et ses confrères, autrement dit les autres centres de formation à l’hygiène, génèrent l’arrivée sur le marché de centaines de tatoueurs, particulièrement lorsque l’on sait qu’une formation de 21 heures se paye entre 500 et 700 €. Plus encore que les écoles privées, déjà un fléau, les formations à l’hygiène font figure de sésame permettant aux tatoueurs de s’installer légalement sur le territoire français. Et dans la pratique, libre à eux ensuite de se déclarer aux impôts ou non…

 

Qu’est-ce au juste qu’un scratcheur ?

 

Dès lors, on comprend mieux qu’Olivier Laizé ne souhaite pas tuer la poule aux œufs d’or (d’autant qu’il bénéficie du label snatien). Bon nombre de ceux qu’on appelle "scratcheurs" sont bel et bien passés par cette formation à l’hygiène, ce qui rassure leur clientèle. Le scratcheur est simplement un tatoueur décidant de travailler de façon clandestine. En d’autres termes, bon nombre de ces scratcheurs sont très bons techniquement, mais ne payent pas leurs charges – d’où des prix défiant toute concurrence.

 

Notre projet : inclure les 21 heures de formation à l’hygiène dans un cursus gratuit mais sélectif

 

Le fait que le porte-parole du SNAT ne comprenne pas que "des enjeux commerciaux" soient placés "au milieu d’un code comportemental" nous fait doucement sourire. Lui qui, en chef d’entreprise avisé, précise bien qu’il est difficile de mettre "des barrières au tatouage". Pour Tatouage & Partage, l’explication est simple : une formation en alternance obligatoire comme celle souhaitée par notre association ferait perdre à des entreprises telles que CorpsTech et leur utilité, et leurs rentrées d’argent. En effet, la formation à l’hygiène serait évidemment incluse dans les 2 ans de formation par l’Éducation nationale.

 

Des principes de déontologie à l’écho grandissant

 

Chez Tatouage & Partage, nous déplorons que le gérant d’un centre de formation à l’hygiène ait été choisi par le SNAT pour s’exprimer sur ce sujet – a-t-on déjà vu des vegans se faire représenter par un chasseur pour parler de leurs revendications ? Mais nous sommes heureux que l’idée de principes de déontologie connaisse un écho croissant. Dernière manifestation en date : la réunion du 10 septembre 2018 entre tatoueurs de la région Centre et ARS a permis de nouvelles avancées sur le sujet.