"Une sodomie brutale dans les chiottes du bar" promise aux tatouées par un site internet

  
 

"Si vous êtes à la recherche d’un coup d’un soir et vous demandez, parmi un groupe de filles, laquelle vous pourrez baiser sans de trop gros efforts de séduction, ou encore laquelle acceptera une sodomie brutale dans les chiottes du bar, dirigez-vous sans hésiter vers la plus tatouée". Morceaux choisis d’une tribune sur le tattoo exhumée du web par Tatouage & Partage, entre cynisme et (très) mauvais goût.

Prostituée, taulard, Buchenwald : les ingrédients d’un libelle à bas coût

"Les tatouages, jadis rares dans nos sociétés pour qui n’était ni marin, ni prostituée, ni ancien taulard, ni rescapé de Buchenwald, sont devenus ces dernières années de plus en plus courants. Effet de mode conjugué au caprice élevé comme justification de tout (et de n’importe quoi), les tatouages, et surtout les tatouages visibles (sur le visage, les mains, les bras, les épaules…) peuvent vous amener un paquet d’emmerdes". C’est avec ces mots que commence le pamphlet anti-tatoué(e)s publié à l’automne 2016 sur le site Neo Masculin. L’objectif de la plateforme ? Délivrer des conseils sur comment "être un homme en milieu hostile" – comprendre : des articles consacrés "aux réalités des hommes occidentaux au début du XXIème siècle" et dédiés au travail, au sexe ou encore à la séduction [sic].

Antoine, docteur ès troubles mentaux

Déconseillé aux moins de 16 ans "du fait des propos qui y sont tenus et des sujets qui y sont abordés" (c’est écrit, ils vous auront prévenu(e)s), le site s’est penché sur le tattoo entre les articles "Comment faire d’une fille votre fuck friend" et "Le séducteur et la salope". Antoine, l’auteur de ladite diatribe, se décrit comme un quadragénaire qui s'y connait "en femmes, en troubles mentaux, en bondage et en relations plus ou moins malsaines". Concernant les trois derniers points, on le croit sur parole.

"Une pseudo-amélioration qu’on peut acheter"

Car pour Antoine, dont la plume surfe dangereusement et avec une désagréable ambiguïté entre la satire à prendre au 4ème degré et la tribune libre on ne peut plus sérieuse, les tatouages traduisent avant toute chose "un sens de l’amélioration personnelle biaisé". Cette formule, que d’aucuns jugeront un tantinet capillotractée, traduit la soi-disant illusion qu’ont les tatoué(e)s de rendre leurs corps meilleur, plus beau, non pas au prix de réels efforts (sportifs, nutritionnels…) mais grâce à un simple tattoo. Une hérésie pour le triste sire.

Des tattoos incompatibles avec l’emploi

Autre cheval de bataille d’Antoine : l’accès au marché du travail, jugé plus difficile lorsqu’on a l’épiderme encré. "Imaginons que vous ayez une maison à vendre ou à acheter. À qui auriez-vous le plus tendance à faire confiance ? Au commercial standard, en costard gris, bien rasé, bien propre sur lui, certes pas folichon mais semblant efficace ? Ou au mec avec une toile d’araignée bleue nuit qui lui couvre la moitié du visage ?" En matière de raisonnement par l’absurde, force est de constater que l’auteur est ceinture noire.

Des tatoué(e)s coincées entre décadence et stupidité

"Gueule de truand", "preuve d’absence de vision à long terme" ou encore "VMS abaissée" (pour "Valeur sur le Marché Sexuel", un concept théorisé sur le site) : l’article de Neo Masculin multiplie les provocations jusqu’à la désolante conclusion. "S’enlaidir volontairement (et payer pour cela !) est clairement une marque de décadence, de déclin culturel, et, à titre plus personnel, de stupidité", statue l’auteur avant, cerise sur le gâteau (périmé), l’appel au coït anal sans autre forme de courtoisie pour quiconque arborerait un tattoo. La cour appréciera. Pour Tatouage & Partage, ce "Neo" Masculin est bien obsolète.

Photo : Wesley Waughan