La parole aux tatoueurs : Bop John

  
 

Formation des tatoueurs, apprentissage, assurance, statut du tatoueur : comme à son habitude, votre association Tatouage & Partage donne la parole à ceux qui encrent au quotidien. Ceux qui souhaitent participer au débat, qui ont des choses à dire, et qui souhaitent transmettre des valeurs. Les bonnes, en l’occurrence, avec le tatoueur Bop John.

 

Tatoueurs, ma parole : Bop John

 

Vidéo © Pierrick Robert & Pierre-François Loiseau / Pounti Prod'

Qui est Bop John ?

Bop John commence par se présenter. Son nom de tatoueur, il l’a acquis en Angleterre dans les années 1980. Sans pour autant être natif de la perfide Albion : lui vient de Bourges, et cultive des origines berbères.

Un vieux de la vieille

Bop John tatoue depuis une trentaine d’années – autant dire une éternité, dans l’encrage. « A l’époque, il n’y avait pas grand monde », confie-t-il à la caméra de votre association de tatouage.

Un apprentissage du tatouage en autodidacte

Le métier, c’est en autodidacte qu’il l’apprend. En solo, et au fil des rencontres. Son éducation ? Elle consiste, parfois, à aller trouver du matériel chez le fabricant d’aiguilles à couture du quartier…

Une déontologie dans le tattoo

Interrogé sur l’esprit des tatoueurs, Bop John nous souffle que si « tous les gars venaient de la rue », ils ne suivaient pas moins une solide « déontologie ». Un exemple ? Une farouche fidélité en amitié. Notre tatoueur regrette la perte de ces valeurs. Réactionnaire, Bop John ? Notre encreur de Bourges s’en défend.

« Certains tatoueurs pensent qu’ils sont nés du vide »

« Certains tatoueurs pensent qu’ils sont nés du vide », regrette-il lorsqu’on le questionne sur l’encrage en France et l’approche des traditions. Aux Etats-Unis, c’est l’inverse : Bop John admire le fait que le respect pour les anciens tatoueurs, au pays de l’Oncle Sam, soit total. Il évoque des emprunts à tous les mouvements, à tous les styles : le tattoo US, modèle chéri pour le tatoueur ?

Statut du tatoueur et statut d’artisan

Vient ensuite une séance de questions-réponses sur le statut du tatoueur et le statut d’artisan. Bop John dévoile que ses premières cartes de visites étaient floquées du mot « artiste ». « Mais à l’époque, quand on revendiquait le statut d’artiste, c’est parce qu’on reluquait le côté saltimbanque, pas celui du spectacle d’aujourd’hui », met au clair le tatoueur. Le Berruyer ne mâche pas ses mots sur l’univers du show-business, auquel il préfère le côté « vagabond-artistique », selon ses propres termes.

« Dès le début, les tatoueurs français se sont toujours penchés du côté artisanal »

« Dès le début, les tatoueurs français se sont toujours penchés du côté artisanal », rappelle-t-il. « Ils ont tous bricolé leurs machines, leurs buses, leurs aiguilles ». Pour Bop John, c’est clair : tatouage et artisanat doivent marcher main dans la main.

Une transmission de maître à disciple

Bop John prône un véritable encadrement dans l’apprentissage du tatouage, une transmission de maître à disciple. « On peut être artisan, puis se développer vers l’artiste », estime le tatoueur. « Quitte à voler de ses propres ailes par la suite ! »

De la nécessite d’un encadrement digne de ce nom

Pour Bop John, dans la technique comme dans le dessin, une base, un encadrement est nécessaire. « Ça instaure un respect de l’histoire, de son maître en apprentissage, des vraies valeurs ». Quid de la formation d’hygiène alors ? Insuffisante, selon lui : bien trop sujette à de tragiques lacunes.

Des apprentis relégués au balayage

Encadrer la profession pour que les vrais aspirants au tatouage soit ceux qui réussissent : voilà la préconisation de Bop John. « De nos jours, trop d’apprentis sont relégués au balayage dans les shops », regrette le tatoueur. « Et on n’a pas envie d’une génération de tatoueurs aigris ! »

Ecole gouvernementale ou école privée pour les tatoueurs ?

Mais alors, école gouvernementale ou école privée ? Bop John laisse ouvert le débat. Peu importe : pour lui, la solution pour un avenir radieux du tattoo, pour un statut d’artisan digne de ce nom, c’est l’école. Quelle que soit sa forme. Et de rappeler, quitte à donner dans le mysticisme,  que l’important, pour lui, est de « guider les gens spirituellement, pour que le tatouage conserve ses lettres de noblesse ».