"Le métier de tatoueur explose mais n’existe pas" : le constat de Ouest-France

  
 

 

 

De plus en plus de salons, une demande qui flambe : le métier de tatoueur explose… mais n’existe pas. Tel est le constat alarmant dressé par le quotidien français Ouest-France. Un relais bienvenu du cri d’alarme lancé par Tatouage & Partage, tempéré par la secrétaire du SNAT. Explications et droit de réponse.

 

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"Il existait 100 salons en 1985… contre 4 500 en 2018"

 

"La demande croît, le nombre de boutiques aussi. Voire le travail à domicile non déclaré. Certains professionnels réclament l’instauration d’un diplôme pour encadrer l’activité". Le 18 novembre 2018, Jacques Sayagh se faisait l’écho du constat dressé depuis plusieurs années par Tatouage & Partage. "Il existait 100 salons en 1985… contre 4 500 en 2018", rappelle le journaliste pour Ouest-France.

 

"On voit des gens acheter du matériel sur Internet, ouvrir une page Facebook et travailler de chez eux au black"

 

Une "augmentation [qui] est significative" pour le média, rendue possible grâce à la facilité d’accès au métier. "Il faut être déclaré auprès de l’Agence régionale de santé" et "se former aux règles d’hygiène pendant trois jours", rappelle Ouest-France. "C’est peu", juge Stéphane Chaudesaigues. "On n’apprend pas un métier en vingt et une heures", note le président de Tatouage & Partage. Le journal pointe du doigt le fait que la facilité d’installation, alliée à la promesse de gains, exacerbe la concurrence. "À la clé : des prix cassés et des pratiques douteuses", lit-on. "On voit des gens acheter du matériel sur Internet, ouvrir une page Facebook et travailler de chez eux au black", rappelle le tatoueur. "C’est une plaie pour tous ceux qui paient leurs charges et font bien leur métier".

 

 

Le métier de tatoueur ? Il n’existe pas !

 

Le problème majeur, sempiternellement dénoncé par notre association, est cette fois-ci relayé par un média à large tirage : le métier de tatoueur n’existe pas. Il ne dispose pas de code dédié dans la nomenclature de l’Insee et est uniquement mentionné dans une catégorie hétéroclite "Autres services personnels".

 

Offrir à notre profession un cadre légal

 

La solution prisée par Tatouage & Partage ? L’instauration d’un diplôme délivré aux nouveaux tatoueurs à l’issue de 2 ans de formation en alternance. "Cela permettrait de donner à notre profession un cadre légal", explique Stéphane Chaudesaigues, défenseur historique de la mesure. "Nous pourrions ainsi accéder à une assurance professionnelle et prendre des apprentis. 15 000 actes de tatouage ont lieu chaque jour. Il faut éviter tout risque pour la santé publique. […] Notre crainte, c’est qu’en cas de problème, l’État légifère dans l’urgence".

 

La profession divisée sur la nécessité d’un diplôme

 

Mais comme le signale Ouest-France à la fin de son article, la nécessité d’un diplôme suscite le débat au sein-même de la profession. Grenouille, secrétaire du Syndicat national des artistes tatoueurs (SNAT) et opposante à la mesure, juge qu’un diplôme "n’empêcherait nullement la prolifération des tatoueurs clandestins" mais "enfermerait le tatoueur dans un rôle de technicien, bridant la liberté artistique". Pour l’organisation, certains tatoueurs "qui se réclament d’une démarche de création" doivent pouvoir accéder "au statut d’artiste-auteur" et, à ce titre, "bénéficier d’une TVA à 10 %".

 

Des propos jugés en décalage par notre association

 

Chez Tatouage & Partage, les propos de la secrétaire du SNAT nous ont fortement interpellés. D’abord, parce que nous réfutons qu’une véritable formation sur 2 ans, prise en charge par l’Éducation nationale, puisse constituer un danger pour l’avenir de la profession. Il s’agit au mieux de mauvaise foi, au pire d’un non-sens.

 

Pourquoi un diplôme briderait-il la liberté artistique ?

 

En outre, nous déplorons que la secrétaire du SNAT associe diplôme à bridage de la liberté artistique. Les artistes sortant – diplômés – des Beaux-Arts ne sont-ils que des "techniciens" dont la latitude créatrice est réprimée ? La réponse est non. Ces élèves des Beaux-Arts, eux, jouissent d’une liberté créatrice complète, alors que les tatoueurs sont tributaires de leur support (la peau) et de la volonté du propriétaire du support (le ou la tatoué·e). Dans la pratique, ce ou cette tatoué·e a tout du directeur artistique de son projet : la liberté totale vantée par le SNAT est une chimère.

 

Notre crainte : laisser trop de tatoueurs sur le carreau

 

Grenouille souhaite que certains tatoueurs puisse bénéficier du statut d’artiste ; notre association partage son point de vue et le défend depuis longtemps. Mais la véritable question résultant de ses propos consiste à savoir ce qu’il adviendra des autres membres qui, par définition, n’accéderont pas à ce statut d’artiste. Or, ces laissés-pour-compte constituent l’écrasante majorité de la profession. Comment assurer la sécurité de ces milliers de tatoueurs que l’État refusera de reconnaitre comme artistes ?

 

TVA à 10 % : un doux rêve éloigné de la réalité

 

À travers les propos de sa secrétaire, le SNAT caresse dans le sens du poil et flatte les égos. Bien sûr, tous les tatoueurs aimeraient bénéficier d’une TVA à 10 % – nous les premiers ! Mais c’est là un fantasme cultivé depuis trop longtemps. Chez Tatouage & Partage, nous n’essayons pas de faire rêver sans prendre en compte les véritables enjeux. Chez Tatouage & Partage, nous ne faisons pas croire que nous sommes tous des artistes.

 

Pourquoi le statut d’artisan d’art reste la meilleure solution

 

Pour notre association, il est plus que temps d’obtenir le statut d’artisan d’art : un statut qui ne laisse personne sur la touche, qui respecte chaque prestataire, qui répond aux nombreuses problématiques actuelles (assurance, formation…), et qui garantit une TVA inférieure à 20 %. En bref : un avenir meilleur pour notre "métier", dès 2019.