Grâce à M6, tout est à refaire !

  
 

Le secrétaire et porte-parole de l’association Tatouage & Partage Kalil Moktar signe une tribune suite à la diffusion de l’émission polémique Zone Interdite de M6 sur le tatouage.

 

Comme beaucoup d'entre vous, je me méfiais d'une émission consacrée au tatouage traitée par cette chaîne nauséabonde qu’est M6.

 

La chose dont je suis sûr maintenant est que cette chaîne est constante dans la production d'émissions médiocres. Quand je dis maintenant, c'est parce que j'ai pu analyser à partir de leur point de vue une activité que je connais bien, toute modestie mise à part. J'ai pu me rendre compte comment il traitait les sujets. Avant, pour les peu de fois où je regardais cette chaîne, mon instinct et mon esprit d'analyse me disait tout simplement que c'était de la merde. Maintenant j'en suis sûr et certain.

 

À l'heure où l'association Tatouage et Partage s'engage dans des actions pour obtenir le statut d'artisan pour les tatoueuses et les tatoueurs avec un cadre bien organisé pour les apprentis, une législation idoine, un enseignement rigoureux incluant l'hygiène, la comptabilité, l'historique du tatouage, la maîtrise des outils informatiques etc., M6 de son côté, fait la part belle aux « tatoueurs »  exécutant leur gribouillage au domicile des clients avec la marmaille qui assiste au massacre. C'est à peine si l'artiste nettoie sa machine dans l’aquarium. À aucun moment la chaîne ne dit que c'est illégal.

 

La bourgeoise qui se fait des séances de laser car elle est devenue une femme bien et que maintenant elle a décidé que les mères tatouées étaient des femmes d'un mauvais genre pour ne pas dire des putes. Et que dire d'une femme qui porte des fourrures au volant de sa BMW et qui veut paraître dans les soirées ? Il faudrait trouver quelqu'un de courageux et de patient pour lui expliquer la différence qu'il y a entre les verbes paraître et être.

 

J'ai cru avoir une hallucination quand j'ai vu le groupe de greluches sapées en rose chercher des œufs dans un parc. L'une d'elle dit à un moment qu'il y a des règles secrètes dans leur groupe de tatouées comme par exemple celui de ne pas se faire tatouer dans le cou ou les mains. Il n'aura pas fait long feu le secret de la bande de filles à papa qui naviguent toutes dans le cosmos.

 

Nabila qui parle de classe et qui en est aux antipodes. L'élégance est dans le maintien, dans le regard ou encore dans la manière de  s'exprimer mais sûrement pas en faisant voir ses nibards siliconés à la télévision puis en disant que les tatouages ne s'enlèvent pas à l'eau et au savon. Avec ce genre de personnes fades et insipides on ne sait jamais si elles se veulent drôles ou bien si elles sont vraiment connes. En matière de regrets, il aurait mieux valu qu'elle ne croise jamais le bricoleur qui s'est servi d'une pompe à vélo pour lui refaire la bouche. Il aurait dû la lui coudre.

 

Le calibre à la vue de tout le monde sur le petit meuble du maître japonais. Imaginez un client un peu chaud comme ils ont l'air de le montrer dans le documentaire et qui entre dans votre shop. Le type n'a plus qu'à le prendre et te sécher avec ton propre flingue. Je rigole mais avouons que ça sent la misère comme montage.

 

Je ne vais pas faire tout le descriptif des caricatures et des clichés de l'émission, ils sont légion.

 

Je vous passe tout le préambule de celui qui kiffe le chef indien « Œil de larynx » mais il a dit quelque chose de juste : n'importe qui peut devenir tatoueur.

 

A voir son travail on le croit sans peine.

 

Et c'est là que le bât blesse. N'importe qui peut devenir tatoueur. Une carte bleue, une formation à l'hygiène de trois jours et vous voilà baptisé tatoueur professionnel.

 

Quand est-ce que les autorités vont prendre le temps d'écouter les tatoueurs qui veulent que les choses changent ? Quand obtiendront-ils un statut légal pour éviter que n'importe qui faisant n'importe quoi  puisse s'installer sans aucun souci ?

 

A mes yeux, les artistes dans ce documentaire poubelle étaient les vitraillistes de Notre-Dame qui étaient tout simplement des artisans qui faisaient leur travail humblement et qui sont devenus une source d'inspiration.

 

C'est ce statut d'artisan que réclame depuis le début de sa création l'association Tatouage et Partage fondée par notre président Stéphane Chaudesaigues.

 

M6 s'est évertué a donné une image grotesque et négative de notre activité. J'ai même pensé à un moment que l'émission avait été sponsorisée par des marchands de lasers. Allez savoir !

 

Kalil Moktar

Secrétaire et porte-parole de Tatouage & Partage