Instagram est-il le meilleur ennemi du tatoué ?

  
 

 

Le 31 octobre 2018, le magazine Slate mettait en ligne un article titré Quelques conseils avant de se faire tatouer… et sous-titré N°1: méfiez-vous d’Instagram. Car souvent, à grands renforts de filtres et de retouches sur Photoshop, un tatouage diffusé sur le réseau social présentera de profondes différences avec le véritable tattoo. Un phénomène courant et trompeur contre lequel s’élève Tatouage & Partage.

 

 

"Attention à Instagram"

 

"Attention à Instagram", prévient le patron d’un salon de tatouage à Vincennes (Val-de-Marne) interrogé par Lucile Bellan pour Slate. "Les tatouages y sont tous beaux et après, c’est la cata". Sur son smartphone, il montre les photographies du même tatouage avant et après cicatrisation. Le verdict est sans appel : dans le style réaliste qu’il défend, le temps, même court, semble considérablement altérer les tattoos.

 

 

Dans son article à charge, la journaliste évoque sa propre expérience du tatouage… et du réseau social chouchou des tatoueurs. "C’est sur Instagram que j’ai découvert le tatoueur et les tatoueuses qui ont suivi [son premier tattoo]. Ces dernières années, le réseau social de photographies est devenu la vitrine privilégiée des artistes tatoueurs et tatoueuses, qui y publient leurs planches de flashs […] et leurs pièces à peine tatouées".

 

 

"Une vitrine mensongère"

 

"Bien que consciente des évolutions qu’un tatouage puisse avoir et de la responsabilité de la personne qui le porte dans son vieillissement", confie Lucile Bellan, évoquant tour à tour entretien, hygiène de vie et exposition ou non au soleil, "je n’avais pourtant pas imaginé, quelle naïveté, qu’Instagram puisse être une vitrine mensongère". Une imposture que s’amuse à mettre en exergue un nombre croissant de personnes, dont le compte The Truth Fairy.

 

 

Instagram, un support mensonger ? Tatoueuse à Croix (Nord), Mylène confirme. "C’est la meilleure vitrine qu’il puisse y avoir", témoigne celle qui, comme des milliers d’autres, utilise Instagram et Facebook pour promouvoir son travail. "Gratuitement en plus. Et ça permet de faire connaître le travail des artistes plus simplement qu’avec le passage en rue".

 

 

Filtres et retouches

 

Le mode opératoire de Mylène ? Photographier ses œuvres juste après la séance de tatouage, puis utiliser "uniquement un filtre de désaturation pour éviter que le rouge ressorte sur les tatouages tout frais, parce que c’est une blessure donc forcément c’est rouge. Mais c’est tout", assure-t-elle.

 

 

Mylène fait part d’une opinion partagée par Tatouage & Partage : la tatoueuse déplore "qu’une partie des tatoueurs et tatoueuses utilisent Photoshop pour améliorer leurs photos dans le but de proposer sur Instagram ou Facebook des pièces impressionnantes… mais loin de ce que la clientèle arborera sur son épiderme par la suite". Pour notre association comme pour elle, il est "dommage de procéder comme ça parce que, forcément, on va s’attendre à une qualité de travail bien supérieure que ce qui est possible dans la réalité". Pour Mylène, le procédé "est un peu malhonnête". Un point de vue que vous partagez ?