Artiste ou pas artiste : le double message du SNAT dans Tatouage Magazine

  
 

Faire admettre plus de 4 000 tatoueurs à la Maison des Artistes ? Une mesure "absurde et inconcevable". Ces mots, ce sont ceux d’un acteur que personne n’attendait dans ce registre : le SNAT. Dès lors, si seule une poignée d’élus a désormais le droit de revendiquer le statut d’artiste, que vont devenir les "plus de 1 400 artistes tatoueurs" revendiqués par l’organisation ?

 

Le billet original dans son intégralité

Être artiste ou ne pas être artiste ? Tel est le titre du billet publié dans le numéro 118 de septembre/octobre 2017 de Tatouage Magazine et signé du SNAT.

 

 

"À chacun d’y répondre !" répond l’organisation. Avant de développer : "Le SNAT ne souhaite évidemment pas imposer un statut unique aux tatoueurs ou à ses adhérents, mais bel et bien permettre aux artistes pouvant justifier de leur démarche d’être reconnus officiellement en tant que tels". Chez Tatouage & Partage, ce curieux retournement pour le Syndicat National des Artistes Tatoueurs – et non des Tatoueurs tout court –, acteur historique de l’obtention d’un statut d’artiste pour tous, soulève deux questions majeures.

 

1ère question : que faire des tatoueurs qui ne seront pas à la Maison des Artistes ?

En souhaitant "souligner le caractère exceptionnel d’un petit nombre d’artistes tatoueurs", le SNAT rejoint les ambitions de Tatouage & Partage. De cela, nous ne pouvons que nous réjouir. Mais si, depuis plusieurs années, notre association propose une vraie alternative à ce statut, le SNAT, lui, semble exclusivement focalisé sur ce statut d’artiste.

 

Chez Tatouage & Partage, nous souhaitons que le statut d’artisan d’art, différent de celui d’artiste et impliquant une vraie transmission du savoir, soit attribué à tous les professionnels reconnus comme tels, et que certains seulement puissent bénéficier du statut d’artiste. Notons au passage que dans le tatouage, l’immense majorité des tatoueurs pratique une tarification horaire pour leurs prestations, chose qu’ont en commun les artisans, mais que ne pratiquent nullement les artistes.

 

Au SNAT, de quel statut pourront bien jouir les centaines de tatoueurs recalés de la Maison des Artistes ? Quel avenir peuvent envisager les adhérents et, surtout, cotisants du SNAT, qui ont rejoint l’organisation en espérant obtenir le statut d’artiste ?

 

2ème question : la reconnaissance du statut d’artiste elle-t-elle la priorité ?

Si le statut d’artiste – et ses avantages tels qu’une TVA réduite – n’a vocation, comme l’assume le SNAT, à ne toucher qu’une toute petite partie des tatoueurs, est-ce vraiment si important d’obtenir ce statut ? La priorité n’est-elle pas ailleurs, c’est-à-dire là où la grande majorité des tatoueurs peut bénéficier d’un statut digne de ce nom.

 

Le billet évoque les démarches juridiques menées par le SNAT pour faire admettre le tatouage au rang de la liste des œuvres énumérées par l’article 98A de l’annexe 3 au Code des impôts, autrement dit de faire entrer le tattoo comme œuvre d’art, au même titre que les tableaux, les gravures ou encore les photographies. Nous saluons ces efforts puisque chez Tatouage & Partage, nous considérons que de nombreux tatoueurs entrent pleinement dans la définition d’artiste. Mais les questions que de telles démarches impliquent – peut-on spéculer, vendre, revendre ou négocier de la peau humaine, sachant que le principe juridique de l’indisponibilité du corps humain pose des limites strictes ? – nous paraissent assez vaines à nous qui, depuis notre création, pensons à tous les acteurs du tattoo, et pas seulement à une élite.