L’alerte de Stéphane Chaudesaigues avant la 3ème convention de Clermont-Ferrand

  
 

 

Le 21 septembre 2018, Stéphane Chaudesaigues était l’invité du plateau du 12/13 de France 3 Auvergne, la région où se tenait le 3ème Salon du Tatouage de Clermont-Ferrand. La journaliste Claire Pain a pu interroger le président de Tatouage & Partage  sur les sujets qui préoccupent en ce moment les professionnels du tattoo.

 

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21 septembre 2018 : l’intervention de Stéphane Chaudesaigues sur France 3 Auvergne

 

Claire Pain : Ça semble à peine croyable, mais il existe un vrai flou sur la pratique du tatouage en France. Qu’apporterait l’existence d’un véritable statut pour les tatoueurs et pour les clients ?

 

Stéphane Chaudesaigues : Une protection, avant tout. Nous exerçons sans assurance professionnelle. Ça, c’est vraiment un problème. Un label, un diplôme, un certificat qui pourrait attester d’une formation sur des acquis obtenus avec un circuit de 2 ans, par l’alternance maître-apprenti, permettrait d’avoir une vraie certification qui attesterait des compétences de la personne à pouvoir pratiquer le tatouage. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ! Donc pas de statut professionnel, pas de possibilité d’avoir une assurance professionnelle, pas de garantie pour les clients, pas de reconnaissance des maladies professionnelles, et l’impossibilité de transmettre le savoir de façon légale, de maître à apprenti, pour former des jeunes. Et il y a de la demande ! Mais nous ne pouvons pas les avoir puisqu’effectivement, il n’y a pas de statut qui définit le cadre professionnel.

 

Il existe quand même des résistances encore parmi vos confrères qui, eux, ne souhaitent pas un encadrement de la profession. Pourquoi ça coince encore ?

 

Il y a deux représentations professionnelles en France, pour le moment. Tatouage & Partage, vous nous avez cités, et le SNAT, le Syndicat national des artistes tatoueurs, dont les membres, par définition, se définissent comme étant des artistes. À la bonne heure, comme on dit ici. Mais je vous dirais qu’aujourd’hui, être tatoueur, c’est aussi faire de la prestation de service. Et si on devait parler d’artistes, le véritable porteur du projet, celui qui pourrait faire office de directeur artistique, c’est le client. Donc c’est une utopie que de vouloir dire que tous les tatoueurs sont des artistes.

 

Et la TVA, bien sûr.

 

La TVA, bien sûr ! Puisque si tous les tatoueurs étaient reconnus comme des artistes, on aurait peut-être le droit d’avoir une TVA inférieure, anciennement à 5,5 %, nouvellement à 7 %, alors que selon le montage que vous avez en société pour exercer au quotidien votre activité de tatoueur, vous payez 20 % de TVA.

 

Où en êtes-vous des démarches pour obtenir cet encadrement légalisé ?

 

Les démarches sont significatives et de bon augure, puisque nous avons travaillé tout l’été sur un projet de loi ou un arrêté qui permettrait justement de rendre obligatoire une formation initiale prise en charge par l’Éducation nationale de façon libre et gratuite, avec la possibilité de suivre réellement dans une structure, un encadrement professionnel et scolaire, les différents modules qui permettraient de devenir tatoueur.

 

Rapidement, quels sont les motifs qui marchent particulièrement en ce moment ?

 

Rapidement, si on devait faire un parallèle avec le monde artistique du tatouage et ce qui marche, comme vous le soulignez, ce sont les signes de l’infini, les prénoms, les pissenlits sur lesquels on souffle avec les pistils qui se transforment en oiseaux… Il y a une nouvelle mode qui semblerait arriver et qui, une fois de plus, ne s’assimile en rien à une production "artistique", pour le coup, mais plus à de la prestation de service, ce sont les mandalas.

 

Ce sont des rosaces, on le rappelle ?

 

Des rosaces, oui. Mais je tiens à souligner ici, puisque vous me donnez la possibilité de porter la parole au nom de tous mes confrères et de la profession, qu’il nous faut véritablement un statut pour protéger les clients, les jeunes tatoueurs aussi, et les jeunes clients, très jeunes clients qui, souvent, sont susceptibles de pouvoir être attirés par des offres promotionnelles, des soldes, avec des tatouages à 30 € annoncés sur les pages Facebook.