Un tatoueur accusé de travail dissimulé se défend en se revendiquant artiste

  
 

Artiste ou artisan d’art ? Alors que le débat n’a jamais été aussi vif depuis les déclarations de Najat Vallaud-Belkacem, la question s’est invitée… devant le Tribunal correctionnel de Versailles. Explications signées Tatouage & Partage.

C’est Le Parisien qui nous fait le récit d’un procès s’inscrivant pleinement dans l’actualité du tattoo. Dans un article titré Versailles - Le Chesnay - Montigny : travail au noir chez le tatoueur et publié le mardi 29 novembre 2016, le quotidien évoque un tatoueur de 39 ans qui comparaissait la veille devant la Justice dans le chef-lieu des Yvelines.

Ce qui lui est reproché ? Avoir employé "une douzaine de salariés au noir dans ses salons de tatouage de Versailles, du Chesnay et de Montigny-le-Bretonneux en 2013 et 2014". L’histoire commence à la fin de l’année 2013, lorsque la Direction départementale du travail et de l’emploi (DDTE) soumet l’un des studios de ce tatoueur à un contrôle. Les agents y croisent alors des stagiaires, ainsi qu’un employé se déclarant "indépendant".

Les soupçons de la DDTE éveillés, d’autres contrôles seront menés dans les autres studios du même tatoueur – des contrôles étalés sur la durée, où le constat est le même à chaque occurrence : "des « apprentis » y travaillent hors de tout cadre réglementaire, des tatoueurs soi-disant indépendants, y exercent leurs talents avec le matériel du patron et selon les rendez- vous pris à la boutique", écrit Le Parisien.

Convoqué au Tribunal correctionnel de Versailles pour travail dissimulé, le prévenu se défend en évoquant des passages temporaires de la part de ces tatoueurs – le tatouage serait "un monde artistique" où l’on ne reste "pas plus de quelque semaines". Une réflexion qui fait tiquer la présidente du Tribunal qui, toujours selon le quotidien, lui fait remarquer que ses tatoueurs perçoivent environ 1 500 € par mois, "ce qui ressemble plus à des salaires qu’au versement de prestations". Le clou est enfoncé par une ex-employée qui, au cours de l’audience, évoque des promesses de contrat de travail jamais honorées.

Circonstances aggravantes : le tatoueur de 39 ans est accusé d’avoir émis de fausses factures dans l’ambition de masquer ces fraudes. Pour sa défense, il plaide une mauvaise compréhension et non une véritable volonté de tricherie. Ses justifications n’auront pas attendri le procureur, qui a requis 2 mois de prison avec sursis et une amende de 7 000 €.

Attendu pour le mardi 13 décembre 2016, le verdict nous dira si, oui ou non, les points soulevés par l’avocate du prévenu auront su convaincre. Son argumentaire ? Selon Le Parisien, elle a plaidé la relaxe "en rappelant que les tatoueurs se revendiquent comme des artistes, organisés autour d’un syndicat qui plaide en faveur de la liberté de créer et refuse de se voir organisé comme les métiers de l’artisanat". Plus de doute : la Justice s’est belle et bien invitée dans le débat sur le statut du tatoueur, et avec la manière…