Lettre ouverte sur une polémique qui n'a pas lieu d'exister

  
 

Bonjour à tous,

 

La tension des derniers mois autour du dossier des encres de couleur, conjuguée à l’attente du rendez-vous que le Président de Tatouage et Partage a pu obtenir au Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, ont sans doute conduit à certaines réactions « à chaud » sur les réseaux sociaux depuis hier.

Je ne doute pas que, pour beaucoup, enfin j’espère, elles dépassent largement les pensées de leurs rédacteurs et il me semble indispensable d’apporter quelques compléments d’information.

Inutile de préciser que nous ne tombons pas comme un cheveu sur la soupe dans le monde du tatouage. A la vue de sa carrière, Stéphane, peut parler de sa profession et  des soucis qui peuvent s’y greffer.

 

Comme tout citoyen, depuis l’abolition de la monarchie absolue en 1789, chacun a l’opportunité  de s’exprimer et surtout d’interpeller nos dirigeants (politiques ou associatifs).

 

La pluralité d’opinion est d’ailleurs ce qui fait la richesse de la France. Mais qui, surtout, fait se côtoyer des courants de pensée, de défense de valeurs, où tout individu peut trouver du sens. Dans le monde économique, avec le MEDEF ou la CGPME, dans le monde associatif, avec le Secours Populaire ou le Secours Catholique, dans le monde syndical avec FO ou la CGT et, bien sûr, dans le monde politique, on trouve des courants qui défendent un même secteur d’activité, une même profession, qui répondent à un même besoin caritatif, sans que cela enlève de valeur aux uns par rapport aux autres.

Le SNAT, association à but non lucratif qui relève de la loi du 1er juillet 1901, comme Tatouage & Partage, a fait beaucoup pour la profession de tatoueurs depuis sa création. Et il faut souligner les efforts et le travail menés par ses membres.

Je suis par contre perplexe que ceux qui mettent en compétition le « syndicat » et notre association n’aient pas été détrompés de leur confusion quant au statut de l’association dont ils sont membres ou qui les représente.

Or, quand, il y a quelques mois, le Ministère a interrogé le SNAT pour obtenir des réponses,  quant aux attentes des tatoueurs sur le dossier des encres, il n’y a pas eu d’autre proposition que l’annulation de l’arrêté, ce qui est impossible car la France doit comme ses voisins se soumettre à la législation européenne. L’absence de proposition de la part de la communauté du tatouage est un élément qui a été confirmé à Stéphane et au Sénateur Jarlier lors du rendez-vous du 12 décembre.

Tatouage & Partage avait mandaté un consultant depuis des semaines pour analyser ce dossier, extrêmement complexe. Il s’est avéré qu’il y avait eu une mauvaise interprétation de la législation européenne. Après avoir écouté nos arguments ainsi que nos propositions, le Cabinet de Madame la Ministre a accédé aux demandes formulées, à savoir de laisser l’utilisation des encres couleurs certifiées par un laboratoire européen comme ne contenant pas les produits interdits par l’Europe.

 

En interpellant des dirigeants politiques tels que le Sénateur Pierre Jarlier, nous avons pu mobiliser son réseau pour avoir le plus vite possible accès aux meilleurs interlocuteurs.

 

Mais Tatouage & Partage avait également, et en toute transparence, interpellé nos dirigeants associatifs (le président et la secrétaire du SNAT), juste après le congrès de Copenhague, afin d’obtenir le dossier qu’ils avaient dû monter depuis que le souci avec les encres était apparu. Dossier que nous souhaitions confronter aux conclusions du consultant missionné car nous étions profondément stupéfaits, à l’écoute des dites conclusions. Il nous semblait impossible que son analyse, pourtant d’une évidence implacable, n’ait pas déjà été soulignée devant les administrations. Cela aurait permis donc, outre la confrontation, d’apporter aussi un regard neuf sur la situation. Le SNAT n’a pas souhaité échanger sur l’avancement de son étude et sur ses propres conclusions comme cela peut être le cas quand des partenaires sociaux, par exemple, se concertent pour faire évoluer une problématique.

Nous avons donc contraint notre consultant (engagé à nos frais), dans un délai extrêmement serré, à investiguer en s’appropriant TOUS les textes européens et français afin de les comprendre et d’en extraire la problématique. Voire de trouver la faille, si faille il y avait. La mission a ensuite rapidement abouti en mettant en exergue un certain nombre d’éléments factuels, analysables et vérifiables, et pouvant conduire à une proposition concrète dans les délais impartis par le Ministère. Nous avons alerté immédiatement le Sénateur qui a donc fait le maximum pour obtenir le rdv auprès du Cabinet de la Ministre de la santé.

Comme c’est le cas dans ce type de rencontre, seules trois personnes étaient prévues pour être auditionnées. En l’occurrence, le Président de Tatouage & Partage, Stéphane Chaudesaigues, le Sénateur-Maire Pierre Jarlier et notre Consultant.

L’investigation qui a été déployée depuis plus de deux mois, à notre demande, après d’infructueuses demandes auprès de l’association SNAT, a permis de bâtir un solide dossier de propositions reflétant les attentes de cette profession que nous connaissons bien en nous adossant, entre autres, à ce qui se fait dans les pays où la législation européenne est d’ores et déjà appliquée tels que l’Allemagne.

Nous avions, dès le début, souhaité nous rapprocher du DOT (syndicat allemand), pour échanger, voire nous approprier certaines de leurs démarches. Cela nous paraissait indispensable pour progresser et élaborer une proposition qui ne pouvait que s’inscrire dans une dimension européenne. Nous avons été particulièrement surpris de constater que le  DOT n’avait jamais été contacté par le SNAT et, après recherches et contacts, qu’il en était de même pour les autres pays de l’union européenne. Pourtant, nous avions l’espoir que l’information parue sur le forum du SNAT, concernant le délai obtenu en mars dernier pour contacter les fabricants d’encre et les autres syndicats européens, avait été mise en application.

 

Nous avons donc travaillé de concert avec les syndicats européens et notamment le DOT afin de faire des propositions, concrètes, au Ministère.

 

En tant qu’association regroupant de nombreux tatoueurs, nous avons par contre été choqués par l’image véhiculée par notre profession à l’international en découvrant que ce même vice-président du DOT, lors de ses tentatives pour s’entretenir à Londres avec le Président du SNAT  et, surtout, apporter son aide et sa contribution face à la problématique liée aux encres en France, s’est fait « repousser » vertement sous prétexte que son syndicat n’a qu’une centaine de membres…

Il faut pourtant noter que c’est bien le DOT qui est en relation avec Bruxelles de façon à faire avancer notre profession avec l’Europe et non pas subir les législations une fois qu’elles ont été publiées.

Nous avons aussi contacté les fabricants d’encre (Eternal, starbright, lou rubino, Intenze, bullet entre autres) afin d’obtenir les résultats des tests effectués par des laboratoires européens et leur liste d’ingrédients.

A part un seul d’entre eux (qui devrait nous envoyer cela rapidement), tous ont joué le jeu et nous ont fait parvenir les documents. Donc, nous devrions très vite retrouver plusieurs autres gammes d’encre sur le marché français au lieu des 3 ou 4 qui seront disponibles et légales après l’application de l’arrêté, car la France est tenue d’appliquer la législation européenne. Il faut donc noter que ce sera aux fabricants d’encre de gagner en transparence et de s’adapter à notre législation européenne.

Le Président de Tatouage & Partage a quitté ce rendez-vous sur la garantie apportée par les deux représentants de la DGS et de l’ANSM  qu’une note explicative serait envoyée aux administrations régionales afin d’éviter tous quiproquos ultérieurs quant à l’application de cet arrêté.

Nous pensons tous que le plus important est de pouvoir conserver l’usage des couleurs en France. Ce sera, à priori, chose faite, sous réserve de la réception des documents qui vont acter ce qui a été dit hier soir. Le Sénateur-Maire s’est engagé à suivre avec attention ce dossier et les représentants du Ministère de la santé lui ont certifié, pour leur part, que le nécessaire serait fait de leur côté dans les jours à venir.

Nous ne sommes donc pas, ici, dans une lutte d’ego ou de ménagements de susceptibilités mais, bien, dans une démarche de coopération avec le ministère car, jamais, l’état français n’a voulu de combat avec notre profession. Ce que beaucoup d’entre nous ont cru un certain temps, au vu des échanges et des commentaires apparus ces derniers mois.

 

L’essentiel est de resituer ce qu’est réellement l’intérêt général.

 

Au sein de Tatouage & Partage, les membres ont décidé unanimement que c’était le fait de pouvoir garder les couleurs qui était juste le plus important et qu’ayant l’opportunité de se faire entendre, il fallait la saisir.

Ce dossier est techniquement extrêmement complexe. Nous sommes navrés de ne pas avoir mobilisé un spécialiste compétent plus tôt. Mais nous possédons désormais tous les paramètres afin de pouvoir en faire partager l’analyse, la compréhension et aborder les solutions proposées.

Je suggère donc aux virulents commentateurs de facebook qu’ils organisent une réunion dans le cas ou ils voudraient pouvoir s’exprimer en direct avec nous et nous permettre de clarifier certains points qui peuvent encore  paraître obscurs ou manquant de clarté.

Et pour ceux qui pensent suite au message publié par le SNAT que notre investissement est intéressé ou tardif, je constate juste qu’hormis attendre ces commentateurs n’ont rien fait…

Nous ne doutons pas que chacun peut apporter sa pierre à la grande famille du tatouage qui a trop souffert de l’image d’Epinal qui lui est attribuée depuis des décennies, telles que la pétition mise en place par Jim Appay et la proposition pourtant moquée par certains de Patrick Chaudesaigues d’écrire au président de la République. Il est certains que rester sans rien faire ou démotiver ceux qui essayent de faire avancer le dossier à leur manière est beaucoup moins risqué que d’essayer soi-même de faire quelque chose.

Tatouage & Partage a fait ce choix et ses adhérents, mobilisés et respectueux de tous les courants de pensées, s’y sont employés depuis la création de l’association.

Nous tenons donc à vous assurer, toutes et tous, de notre implication totale à faire aboutir notre démarche commune.

Et nous vous souhaitons une année 2014 qui s’annonce sous les plus colorés auspices.

 

Cécile Chaudesaigues

Secrétaire et porte-parole de l'association

 

 

                                                                                                                                   

13/12/2013 - Rencontre au Ministère de la Santé