Parution du dernier rapport de la European Society of Tattoo and Pigment Research

  
 

La European Society of Tattoo and Pigment Research (ESTP) vient de publier son dernier rapport sur son site officiel, rapport envoyé à Tatouage & Partage. Son nom ? Tattoos – Health, Risks and Culture with an Introduction to the Seamless Prevention Strategy. En 156 pages, l’organisation dresse un état des lieux du tatouage en Europe, et propose une série de mesures-phares visant à encadrer la maîtrise du tattoo dans l’Union européenne. Au menu : une formation diplômante pour les tatoueuses et tatoueurs européens, avec une véritable assurance professionnelle à la clé. Décryptage signé de votre association.

 

La European Society of Tattoo and Pigment Research, qu’est-ce que c’est ?

La European Society of Tattoo and Pigment Research a été inaugurée à Copenhague en 2013. Constituée de professionnels de la dermatologie et de chercheurs, elle s’est fixé pour principaux objectifs :

• de faire progresser la recherche sur les tatouages ;

• de fournir des conseils d'experts indépendants ;

• d’éduquer la communauté médicale et les autres groupes de professionnels sur les aspects les plus divers du tattoo ;

• de faire avancer les normes dans la fabrication, la distribution et la vente des encres de tatouage ;

• de développer et soutenir des projets de recherche et des publications sur le tattoo.

 

L’organisation dirigée par le Docteur Jørgen Serup, professeur en dermatologie à l’Hôpital Universitaire de Bispebjerg, a souhaité faire la lumière sur le tatouage, mentionnant simplement l’aspect esthétique pour s’attacher véritablement à son caractère sanitaire.

 

Les thèmes abordés par chaque chapitre du rapport

Dans un premier chapitre, le rapport s’attache à décrire l’histoire du tatouage, et son influence sur les différentes classes sociales au gré des décennies. Est aussi évoqué le développement des techniques de tatouages, ainsi que l’évolution des dermographes. Le chapitre suivant est consacré à la démocratisation du tattoo, à son arrivée « sur le devant de la scène ».

 

Le troisième chapitre du rapport s’attarde sur la psychologie et les dynamiques sociales inhérentes au tatouage. Pourquoi se tatoue-t-on ? Quel jugement l’humain porte-t-il sur l’encrage ? Autre aspect évoqué par le chapitre : le regret. Quels facteurs peuvent pousser un(e) tatoué(e) à regretter son tatouage ?

 

Le chapitre 4 du rapport signé de l’ESTP dresse l’inventaire des grands types de tatouage : on y croise les pièces d’ordre décoratif, mais également les tatouages médicaux. Le chapitre suivant, lui, traite de l’exposition des tatouages à la lumière et sur les conséquences de celle-ci sur le tattoo.

 

Le chapitre 6, baptisé Discomfort in Connection with Tattoos, s’attache à la notion de gêne (voire de douleur) liée au tattoo. Sensation de pénibilité juste après le tatouage, sensation de gêne de façon chronique : les chercheurs de l’ESTP se penchent sur la question. La partie suivante revient sur les complications cliniques en lesquelles un tatouage peut résulter : les propos sont, ici, illustrés par des photos de peaux tatouées infectées.

 

C’est le chapitre 8, sobrement intitulé Tattoo Ink, qui s’attarde sur la composition des encres de tatouage, et sur leur décomposition dans le corps humain. Les problèmes sanitaires pouvant être liés à des encres de mauvaise qualité sont aussi évoqués. Le chapitre suivant, lui, traite de la législation en vigueur au Danemark, d’où officie l’ESTP, mais aussi dans l’Union européenne, en matière de tatouage.

 

Le dixième chapitre, Removal of Tattoos, dresse le portrait du détatouage, avant de laisser la place au chapitre s’arrêtant sur la seamless prevention, pan majeur de l’étude annoncé dans le titre du rapport.

 

Les mesures préconisées par la stratégie de « prévention intégrée »

Ce mode suggéré de « prévention intégrée » part d’un postulat : le tatouage dans l’Union européenne souffre d’un manque cruel de documentation académique, scientifique à son sujet (c’est d’ailleurs cette carence qui fait l’objet de l’ultime chapitre du rapport). Cette seamless prevention appelée de ses vœux par l’ESTP a pour vocation d’y remédier. Comment ? En suggérant une douzaine de mesures vouées à mieux développer la connaissance du tatouage, et la maîtrise de sa pratique. Parmi ces mesures, Tatouage & Partage a retenu les suivantes :

• l’établissement d’un programme d’enregistrement efficace des studios et tatoueurs de l’UE, doublé d’une clarification dans le statut juridique de ceux-là ;

• la mise en place d’un programme d'assurance de qualité des studios et des tatoueurs de l’Union européenne, avec un contrôle continu effectué par une autorité publique ;

• l’obligation pour les tatoueurs de justifier d’une éducation ou d’une certification officielle avant d’exercer leur métier ;

• l’établissement d’un processus de traitement des plaintes concernant le tattoo, si celui-ci a causé l’insatisfaction du client et/ou des problèmes de santé ;

• la création d'un registre européen sur les progrès et complications liés au tatouage ;

• la mise en place de campagnes de prévention en direction des futur(e)s tatoué(e)s.

 

Concrètement, que signifient ces mesures ?

Que faut-il retenir des éléments disséminés derrière ce jargon technique ? Premièrement : que l’ESTP souhaite voir (et ce depuis sa création) une uniformisation dans les normes de tatouage européennes. Pourquoi ? Pour améliorer la réactivité si, par exemple, un problème survient avec une encre.

 

Deuxièmement : l’ESTP appelle à une véritable formation diplômante pour les tatoueuses et tatoueurs européens. Ce nouveau statut conférerait aux professionnels du tatouage une vraie assurance professionnelle (et non plus une simple assurance civile), à la manière de celle dont bénéficient déjà les médecins.

 

Troisièmement : l’obtention d’un diplôme serait synonyme d’obtention d’un label qualité. Traduction : ce label ne s’attacherait pas à juger de l’aspect artistique du travail du tatoueur, mais bien de sa maîtrise d’un savoir artisanal et, par conséquent, d’une technique et du respect des normes d’hygiène en vigueur.

 

Une voix du tatouage écoutée par Bruxelles

La European Society of Tattoo and Pigment Research constitue l’une des voix majeures écoutées par Bruxelles dans le domaine du tatouage. Suivre ses rapports et ses préconisations, c’est déjà s’adapter au futur du tattoo professionnel au sein de l’Union européenne. Alors que l’ESTP souligne à son tour l’importance de l’établissement d’un véritable statut pour le tatoueur, Tatouage & Partage se tient plus que jamais prêt à vous tenir au courant des dernières évolutions en la matière.